Air France vole au secours de son comité d'entreprise

POUR SAUVER les finances de son comité central d’entreprise (CCE) de la banqueroute, la direction d’Air France va faire une avance de trésorerie de 7 millions d’euros sur un budget de près de 110 millions d’euros. «Nous anticipons de quinze jours le versement de 7 millions d’euros dû au 1er janvier 2006, indique-t-on chez Air France, pour que la trésorerie du CCE permette le paiement des fournisseurs de vacances sur l’exercice 2006.» Mais, en aucun cas, la direction comme les organisations syndicales ne veulent parler de malversations. Elles s’en tiennent à la conclusion du rapport d’audit du cabinet Constantin.

«L’examen détaillé des données comptables au 31 décembre 2004 et au 31 octobre 2005 n’a révélé aucune anomalie significative, ni fait ou comportement pouvant donner une mauvaise appréciation de la situation comptable du CCE», soulignent les auteurs. Commandé par la direction au début de l’été avec l’accord des membres du CCE, il a été remis aux différentes parties le 15 décembre pour «apporter la clarté nécessaire au débat interne sur les comptes du CCE», explique la direction d’Air France. Il reste encore à dissiper des zones d’ombre. Un litige existe en effet entre le CCE et les huit comités d’établissement qui en dépendent, dont celui des opérations aériennes (COA). Il regroupe les pilotes, les hôtesses et les stewards.

Mieux gérer les fonds alloués

D’un côté, les syndicats du CCE d’Air France estiment que le COA touche une subvention trop importante 45% de la masse salariale alors qu’il ne représente que le tiers des effectifs. «Les prestations fournies par le CCE, et plus particulièrement les vacances, ne correspondent pas à la facture que nous devons lui verser», répond Didier Lechaton, président du Syndicat des pilotes de ligne-Air France (SNPL).

En revanche, la gestion du CCE n’est pas un modèle de rigueur. Le rapport Constantin, qui comporte 73 pages, appelle à des économies et à une meilleure gestion des fonds alloués. En ligne de mire le budget vacances de 27 millions d’euros, soit près du quart du budget total (110 millions d’euros). «Un délai d’un an peut intervenir entre le paiement des fournisseurs et la participation des agents», met en avant le rapport Constantin. Ce que reconnaissent les organisations syndicales gestionnaires du CCE. «Nous devons économiser 8 millions d’euros, soit entre 5 et 8%, notamment sur les prestations hôtelières pour que le budget 2006 soit équilibré», explique Didier Oliverot de la CFE-CGC, organisation en charge de la trésorerie. Un chiffre tempéré par le secrétaire général du CCE, José Rocamora, de la CGT, qui compte sur la hausse des effectifs en 2005 pour voir sa subvention 2006 augmenter de deux points. Il table aussi sur «une gestion resserrée», et s’engage d’ores et déjà «à diminuer de 27% le budget communication en le passant de 600 000 euros à 440 000 euros». Une réunion doit avoir lieu ce matin entre les syndicats pour revoir la distribution des subventions.

Auteur de l’article : comitedentreprise.com