Deux millions de salariés à forte valeur humaine

Qu’on en juge : les structures associatives, mutualistes et coopératives qui la composent sont 750 000 en France, et emploient 1,8 million de salariés, soit 7 % de la population active. Parmi elles, les Sociétés coopératives de production (les Scop) ont connu une augmentation de leurs effectifs salariés de 7,3 % entre 2001 et 2002, alors que l’emploi total ne progressait que de 0,4 %. Cette réelle présence économique repose sur un système qui sort pourtant de la logique capitaliste classique : principe du – un homme, une voix – pour chaque sociétaire, quel que soit le montant investi dans l’entreprise ; non-cumul individuel des profits ; caractère inaliénable et collectif du capital de l’entreprise…

Activités multiples. Au-delà de cette communauté de démarche et de philosophie, c’est l’extrême diversité qui règne. Danièle Demoustier, maître de conférence en économie à l’Institut d’études politiques de Grenoble, écrit dans L’Economie sociale et solidaire (1) que « la dispersion des entreprises d’économie sociale dans des activités multiples se double de grandes disparités dans les poids économiques, à l’intérieur même de chaque famille et de chaque secteur ». Le mouvement coopératif compte ainsi de grandes enseignes connues du grand public. La Camif, dans la vente par correspondance. Le Crédit agricole ou le Crédit mutuel dans le secteur financier. Les Chèques-déjeuner parmi les coopératives de production. Mais aussi 3 700 coopératives agricoles, 86 coopératives de consommateurs, ou 1 100 syndics de copropriété. Au total, plus de 380 000 salariés travaillent dans cette famille.
Le mouvement mutualiste, quant à lui, distingue les mutuelles de prévoyance et les mutuelles d’assurances. Les premières regroupent près de 6 000 établissements pour 58 000 salariés et affichent un chiffre d’affaires annuel de 14,7 Md d’euros. Ses principales composantes : la FNMF (Fédération nationale de la mutualité française), la FMF (Fédération des mutuelles de France), et la MSA (Mutualité sociale agricole). Les mutuelles d’assurances (Macif, Maif, Matmut…) salarient 25 000 personnes, et leur chiffre d’affaires annuel s’élève à 5,8 Md d’euros.
Le secteur associatif, enfin, représente quelque 750 000 associations qui génèrent 47 MdE de chiffre d’affaires annuel. 160 000 associations emploient plus d’un million de personnes, mais aussi un grand nombre d’emplois précaires.

Coordinations. Grande diversité, donc, qui se retrouve aussi dans l’organisation de toutes ces structures. Les associations sont représentées auprès du Premier ministre par le Conseil national de la vie associative, et se coordonnent au sein de la Conférence permanente des coordinations associatives. Les mutuelles sont regroupées principalement dans la FNMF et la FMF. La coopération, elle, se retrouve dans le Groupement national de la coopération… Et pour tenter de – chapeauter – le tout, une DIIES (délégation interministérielle à l’innovation et à l’économie sociale) a été créée en 1981. Le même foisonnement de structures se retrouve parmi les organisations d’employeurs. Mais elles se sont regroupées pour la plupart au sein de l’Usgeres dans le secteur mutualiste, coopératif et associatif, ou de l’Unifed dans le secteur spécifique du sanitaire et social. Et ont présenté des candidats aux prud’hommes 2002, obtenant près de 12 % des voix.n
Organisme: CFDT

Auteur de l’article : comitedentreprise.com