Les plans sociaux mettent le gouvernement à la peine

CE TÉLESCOPAGE-LÀ, le gouvernement s’en serait bien passé. Alors que se tenait, hier, à Matignon, le comité interministériel consacré aux plans sociaux (Daewoo, Matra, Metaleurop, ACT Manufacturing, etc.), trois mauvaises nouvelles de plus tombaient sur le front de l’emploi. La direction d’Aluminium Pechiney, tout d’abord, annonçait la suppression de 283 emplois, à compter de cet été, dans ses sites d’Auzat, de Sabart (Ariège), et de Compiègne. De leur côté, les LU, de Danone, apprenaient que les usines de fabrication de biscuits de Ris-Orangis (Essonne) et de Calais (Pas-de-Calais) mettraient finalement la clé sous la porte fin mars, soit entre trois et quinze mois avant la date butoir prévue dans le plan social de 2001. Le stress des 3 200 salariés d’Air Lib, enfin, atteignait son apogée, après la décision du potentiel investisseur Imca de déclarer forfait, faute d’engagements suffisants des syndicats sur les gains de productivité à réaliser. Hier soir, la confusion était à son comble : après avoir finalement approuvé ce plan drastique d’économies, l’intersyndicale espérait toujours qu’Erik De Vlieger, le PDG d’Imca, reviendrait sur sa décision…
La purge n’est pas finie Face à cette avalanche de plans sociaux, la riposte du gouvernement apparaît bien mince. Le comité interministériel ? Nombre de mesures annoncées (lire l’encadré ci-dessous) visent surtout à mieux coordonner le travail des acteurs déjà présents sur le terrain. Quant à Claude Viet, le Monsieur Licenciement, nommé cet automne, tout juste vient-il de recevoir sa lettre de mission, et d’apprendre qu’il disposerait, d’ici peu, d’une équipe de quelques personnes. Second volet de la riposte, l’arme juridique : soucieux d’en finir avec les méthodes peu sociales de certains patrons, le gouvernement a annoncé, hier, l’ouverture d’une enquête préliminaire sur « la responsabilité de la société mère » dans l’affaire Metaleurop – en cessant de financer sa filiale de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), Metaleurop s’était désengagée de l’obligation de financer les licenciements. Les droits des salariés de cette entreprise ont été « bafoués », estimait, hier, Jacques Chirac, en déplacement à Nantes. Après les déclarations tonitruantes de Jean-Pierre Raffarin sur la nécessité de faire respecter « l’état de droit » pour les salariés, rien ne dit pourtant que cette offensive médiatique portera ses fruits, à l’heure où le gouvernement mène en parallèle la réforme de l’ISF… Surtout, comme Lionel Jospin l’avait déjà reconnu lors de l’affaire Michelin, l’Etat a du mal à aller contre le vent des plans sociaux. Et pour cause… Non seulement, en France, l’emploi industriel se réduit comme peau de chagrin (3,9 millions de salariés aujourd’hui, contre 5,6 millions il y a 25 ans), mais la conjoncture est particulièrement morose en ce début 2003 : menace de guerre en Irak, Bourse toujours aussi peu fringante… l’heure est plus aux vaches maigres qu’aux recrutements massifs. Et la purge n’est pas finie, craignent la plupart des prévisionnistes. Dans ce concert de sombres nouvelles, l’annonce, hier, de la possible implantation de l’allemand Thyssen, sur le site de l’usine Daewoo de Fameck (Moselle), fermé début janvier, apportait une – petite – bouffée d’oxygène.

Auteur de l’article : comitedentreprise.com