Une semaine sociale sous tension

Daewoo, Metaleurop, Air Lib : pour les personnels de ces trois entreprises, l’avenir se joue en partie cette semaine avec plusieurs rendez-vous importants. Mais, avec la multiplication des restructurations, occupations et autres fermetures d’usines (ACT à Angers, Testut à Béthune, Arcelor en Moselle, etc.), le gouvernement peut craindre une montée de la grogne sociale. Les déclarations de la ministre de l’Industrie, Nicole Fontaine, assurant que elle était « déterminée à mettre les moyens nécessaires pour éviter que les salariés ne soient des laissés-pour-compte », ou celles du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, annonçant des « procédures, y compris judiciaires » contre les dirigeants de Metaleurop, n’ont pas suffi à calmer le jeu. Pour Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, ce ne sont que des « cris d’orfraie ». D’autant plus que le gouvernement se voit de plus en plus reprocher l’assouplissement des règles de licenciement et son « Monsieur Plans sociaux », Claude Viet, n’est pas encore vraiment passé à l’action. La semaine s’annonce donc difficile.
Daewoo. Les syndicats de l’usine de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) doivent rencontrer demain à Paris Nicole Fontaine, pour trouver une solution à l’avenir des 550 salariés du site. Une délégation doit également se rendre à Bercy pour tenter d’obtenir une réunion avec Francis Mer, le ministre de l’E conomie et des Finances. Ils réclament un congé de conversion de deux ans au minimum avec maintien du salaire et des indemnités. Après le mystérieux incendie qui a détruit dans la nuit de jeudi à vendredi une partie des locaux, rendant impossible un retour au travail, le tribunal de commerce de Briey doit se prononcer aujourd’hui sur la procédure de redressement judiciaire. La liquidation de l’entreprise est à craindre.
Metaleurop. Le dépôt de bilan concernant l’usine de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) et ses 830 salariés est prévu pour aujourd’hui lundi. Ce même jour doit se réunir un comité d’entreprise extraordinaire, avec, au programme, le constat de cessation de paiements et, surtout, pour le personnel, l’étude d’un éventuel plan social. Demain, mardi, les juges du tribunal de grande instance de Béthune devraient examiner le dossier afin de choisir entre la liquidation pure et simple ou le redressement judiciaire avec une période d’observation. Le gouvernement a déjà assuré qu’il consacrerait des sommes importantes pour le reclassement de tous les salariés de cette fonderie de plomb. Mais, selon les élus locaux, ce sont au total quelque 2 000 emplois, directs et indirects, qui sont menacés.
Air Lib. Les négociations pour le redressement de la compagnie reprennent aujourd’hui entre le gouvernement, l’investisseur hollandais Imca et Holco, la holding d’Air Lib. Encore un sursis et un suspense usant pour les nerfs des 3 500 salariés de la compagnie aérienne. Exit donc la date butoir « au plus tard lundi » (aujourd’hui) ! Le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, espère d’ailleurs que « ces négociations aboutissent (…) car les personnels sont désespérés. Il faut très vite qu’ils aient une boussole et qu’ils sachent comment leur entreprise va fonctionner dans les semaines à venir. » En attendant l’expiration des autorisations de vols de la compagnie fixée à vendredi prochain minuit, la CFDT a appelé les salariés d’Air Lib à « se tenir prêts pour une éventuelle action sauvage pour répondre à toute mauvaise nouvelle ».

Auteur de l’article : comitedentreprise.com