Des emplois pourraient être supprimés dans l'éducation nationale en 2003

« Mais il y aura, là où nous en aurons besoin, et notamment dans le premier degré, dans les écoles primaires qui sont la priorité des priorités, non seulement des créations de postes, mais des créations de postes en nombre plus élevé que ce qui était prévu par le précédent gouvernement », a déclaré le ministre.

M.

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Ferry a ajouté que les 2 000 à 3 000 suppressions d’emplois dans l’enseignement secondaire, envisagées par son ministre délégué Xavier Darcos dans le Journal du Dimanche portent sur des « emplois administratifs », et « pas des postes d’enseignants ». Un responsable du cabinet du ministre a précisé que les postes administratifs supprimés sont en fait des emplois de surveillants statutaires.

« Il n’y aura aucune suppression de postes d’enseignants dans le second degré non plus. Ce qui était prévu, c’était une augmentation de postes dans le second degré, qui en effet n’aura pas lieu », a ajouté le ministre, en justifiant cette position par « le fait que le nombre d’élèves a diminué d’environ 140 000 » depuis le début des années 90, et qu’il « va diminuer encore d’environ 20 000 l’année prochaine ».

Concernant les 5 000 suppressions d’emplois de surveillants, évoquées samedi par le quotidien Libération, le ministre a souligné qu’il réfléchissait au remplacement du dispositif des emplois-jeunes, qui assurent souvent des fonctions de surveillance dans les établissements scolaires, et dont les contrats arrivent à échéance en juin, pour 20 000 d’entre eux. « En février, nous allons proposer un dispositif de remplacement plus efficace et plus souple », a-t-il dit.

Le ministre délégué à l’enseignement scolaire, Xavier Darcos, confirmait dans une interview au Journal du Dimanche que 2 000 à 3 000 emplois pourraient être supprimés dans l’éducation nationale à la rentrée 2003, en raison d’une baisse du nombre des élèves.

« Il s’agirait de 2 000 ou 3 000 emplois en moins sur un total de 1 322 000 postes dans l’éducation nationale, dont 876 000 enseignants. C’est peut-être beaucoup mais c’est dérisoire par rapport aux effectifs d’un ministère qui représente 52 % de l’emploi public en France », déclare M. Darcos.

« A la rentrée 2003, explique-t-il, il est prévu une baisse très sensible du nombre d’élèves dans les lycées et collèges : ils seront 21 000 de moins. C’est donc là qu’il pourrait y avoir une décélération des effectifs ». « En revanche, dans le primaire, les élèves seront 41 000 de plus. Au lieu des 800 nouveaux postes prévus par Jack Lang, nous en créerons 1 000 », ajoute-t-il.

Les coupes prévues par le gouvernement Raffarin seraient en rupture totale avec le plan de l’ancien ministre de l’éducation du gouvernement Jospin, qui prévoyait la création nette, après remplacement des enseignants partis en retraite, de 8 300 postes en 2001 et 2003.

« Nous savons bien que le ‘toujours plus’ n’est pas une solution à tout. Cette politique a été celle des socialistes. Elle ne s’est pas traduite par des progrès sensibles », explique le ministre. Mais il assure que, « si l’on voit surgir des difficultés particulières ou des besoins impératifs, il sera toujours temps de rectifier, avec le vote du collectif budgétaire fin 2003 ». « Il n’y a donc aucune raison de s’affoler. Les besoins des élèves seront satisfaits », affirme M. Darcos.

« ON VA NOUS ENTENDRE »

Cet optimisme ministériel est loin d’être partagé par les syndicats d’enseignants et les fédérations de parents d’élèves, qui jugent que l’éducation est le parent pauvre du budget 2003 actuellement en cours d’élaboration.

Jean-Luc Villeneuve, secrétaire général du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN-CFDT), conteste l’argument selon lequel les baisses d’effectifs sont la conséquence de la chute de la natalité dans les années 80. « Il y a certes une baisse mais elle est dérisoire. On dit 50 000 élèves en moins, cela fait un ou deux par établissement », dit-il dans le JDD.

Et il avertit le gouvernement : « La conjonction d’une rentrée difficile, de suppressions de postes et de problèmes de précarité peut rapidement faire boule de neige. Si Luc Ferry (le ministre de l’éducation) confirme cette nouvelle politique, nous réagirons. On va nous entendre ».

« Cela annonce des catastrophes pour les années à venir, quand un grand nombre d’enseignants partiront en retraite », pronostique lui aussi Denis Paget, secrétaire général du syndicat national des enseignants de second degré (SNS-FSU), première organisation de professeurs dans les lycées et collèges.

« Le gouvernement crée les conditions pour ressouder les rangs des principales organisations enseignantes. N’oublions pas que le recrutement est le sujet le plus fédérateur des mécontentements. Et l’éducation une priorité pour les Français », ajoute-t-il.

« Voilà un gouvernement qui bluffe le pays puisqu’il prétend assurer la sécurité à l’école tout en réduisant le nombre d’adultes présents dans les établissements », regrette Georges Dupon-Lahitte, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE), classée à gauche.

« Pour lui, l’éducation n’est pas une priorité. La jeunesse est juste bonne à aller en prison. C’est le signe d’une régression fondamentale ! Je mets en garde les élus qui vont voter cette loi de finances. Ils en ressentiront les conséquences dans leurs circonscriptions et nous ne manquerons pas de leur signifier leur responsabilité. Et que les autorités ne s’étonnent pas si la jeunesse se met en colère ! » dit-il.

source : www.lemonde.fr

Auteur de l’article : comitedentreprise.com