Le Conseil d'Etat annule l'élection de Mme Mégret à Vitrolles

En annulant l’élection de Catherine Mégret, maire (MNR) de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), le Conseil d’Etat a assombri un peu plus l’avenir du MNR de Bruno Mégret.
Affaibli par le score de M. Mégret à la présidentielle (2,34 %) et par celui de ses candidats aux législatives, le parti d’extrême droite doit faire face à des dettes estimées à 2,75 millions d’euros. La réputation de ce parti né en 1999 d’une scission avec le FN a, de plus, largement pâti de l’implication d’un de ses militants, Maxime Brunerie, dans la tentative d’assassinat du chef de l’Etat, le 14 juillet.

Saisi par le candidat socialiste Dominique Tichadou, battu de 101 voix au second tour dans une triangulaire l’opposant au MNR et à la droite républicaine unie, menée par Christian Rossi, le Conseil a suivi les arguments du plaignant, en estimant que « les attaques dirigées contre M. Rossi qui conduisait la liste « Réconcilier Vitrolles » [droite proche du RPR] ont revêtu un caractère exceptionnellement violent ». Il cite alors un tract « mettant en cause sa vie privée et ses bonnes moeurs » et diffusé massivement. Cette « campagne injurieuse et diffamatoire (…) a constitué une manoeuvre » que le Conseil estime susceptible d’avoir « faussé le scrutin ».

La nouvelle élection doit avoir lieu au plus tard dans les deux mois suivant la notification officielle aux intéressés de l’arrêt du Conseil, c’est-à-dire au début du mois d’octobre. Catherine Mégret a immédiatement dénoncé « une décision scandaleuse, politicienne et partisane » et annoncé que « l’équipe Mégret se [présenterait] donc à nouveau au suffrage des Vitrollais », formulation qui laisse ouverte la question de la tête de liste. Les différents démêlés judiciaires de l’équipe, et en particulier l’ouverture d’une information judiciaire pour « détournement de fonds publics » (Le Monde du 27 mai), rendent en effet le choix délicat. Le Front national enverra certainement un candidat dans cette élection

M. Rossi, par ailleurs président du RPR des Bouches-du-Rhône, s’est félicité de la décision en rappelant qu’il avait été « profondément blessé par ces tracts odieux ». Son probable renoncement pour un nouveau scrutin aiguise les appétits de Henri-Michel Porte (DL) et de Christian Borelli (RPR), qui figuraient tous deux sur sa liste et ont annoncé leur volonté de concourir.

BATAILLE DES INVESTITURES

A gauche aussi, la bataille des investitures a commencé. Dominique Tichadou a estimé que la victoire obtenue au Conseil d’Etat est d’abord la sienne et que son statut de conseiller général de cette ville-canton fait de lui « le candidat naturel » du PS et de la gauche. Il compte aussi s’appuyer sur sa fonction de secrétaire de la section PS pour obtenir un vote favorable des adhérents. M. Tichadou devait, en tout cas, diffuser dès mardi 31 juillet son premier tract de campagne.

Mais Guy Obino, élu sur la liste de M. Tichadou, s’est lui aussi mis sur les rangs en adressant à François Hollande une lettre de candidature. S’agissant des villes de plus de 20 000 habitants, c’est en effet le bureau national du PS qui tranche. M. Obino annonce « une liste intègre, modeste, en rupture avec le clientélisme passé », mais se dit prêt à rallier le candidat choisi par le parti. Il bénéficie d’un préjugé favorable des directions départementales et nationales du PS qui tiennent M. Tichadou en partie responsable de l’échec de mars 2001.

La direction fédérale du Parti communiste et son ancien candidat, Alain Hayot, se sont prononcés pour une « candidature citoyenne », c’est-à-dire pour une liste comprenant des communistes, des socialistes mais aussi des membres du mouvement associatif dès le premier tour. Mais ni M. Hayot, ni M. Coppola, secrétaire de la fédération, ne veulent se mêler des affaires internes du PS. Si M. Tichadou a agacé nombre de militants et de sympathisants socialistes, qui l’accusent d’être trop autoritaire, il sera difficile de le désavouer.

Quatre autres scrutins invalidés

Outre les décisions concernant Vitrolles (Bouches-du-Rhône) et Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le Conseil d’Etat a également prononcé, lundi 29 juillet, l’annulation des élections municipales de Narbonne (Aude), où Michel Moynier (div. d.) avait été réélu au premier tour ; de Château-Thierry (Aisne), où la liste socialiste conduite par Dominique Jourdain avait été élue avec 198 voix d’avance ; de Béthune (Pas-de-Calais), où Bernard Seux, maire sortant (div. g.), avait battu Jacques Mellick (PS) de 60 voix et de Bagneux (Hauts-de-Seine), où la liste Janine Jambu (PCF) l’avait emporté.

En revanche, la haute juridiction administrative a validé les élections de Gilles de Robien (UDF) à Amiens (Somme), d’Emile Zuccarelli (PRG) à Bastia (Haute-Corse) et de Marc Serein à Bollène (Vaucluse).

A Melun (Seine-et-Marne), seul le maire (RPR) Jacques Marinelli, sous le coup d’une condamnation à un an d’inéligibilité, perd son fauteuil. Son remplaçant devrait être élu au sein du conseil municipal en septembre.

source : www.lemonde.fr

Auteur de l’article : comitedentreprise.com