La croissance se raffermit, la hausse du chômage se poursuit

« Redécollage » : c’est le titre de la dernière note de conjoncture de l’Insee, publiée vendredi 28 juin. L’institut statistique affiche la couleur : la reprise est là et la croissance en 2002 sera en moyenne de 1,4 %.

Dans la seconde partie de l’année, la croissance « s’installerait sur une tendance un peu supérieure à 2,5 % », développent les experts. C’est mieux, mais pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, c’est insuffisant. Celui-ci veut en effet croire que la croissance sera d’au moins 3 % en 2003 et qu’elle lui permettra tout à la fois de financer les promesses électotales de Jacques Chirac et de respecter ses engagements européens. La France s’est en effet engagée à équilibrer ses finances publiques (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) en 2004 si la croissance est « au moins de 3 % » durant les deux prochaines années.

« JUSQU’À 3 % DANS LE G8″

En 2002, selon les résultats de l’audit rendu public jeudi 27 juin, le déficit public oscillera entre 2,3 % et 2,6 % du produit intérieur brut (PIB). A l’issue du sommet de Kananaskis (Canada), M. Chirac a déclaré, jeudi, qu' »en 2003, la croissance 2003 pourra aller jusqu’à 3 % dans le G8 ». La situation conjoncturelle de la France est « plutôt sympathique », a également déclaré Francis Mer, jeudi : il est « possible » que la croissance atteigne au moins 3 % en 2003. « Le moral des consommateurs reste bon. Celui des investisseurs s’améliore. Nous sommes dans un monde où la psychologie est plus importante que la réalité. Pour l’instant, la psychologie nous permet d’envisager un deuxième semestre 2002 sympathique », a développé le ministre de l’économie.

Après une mauvaise fin d’année 2001 – le PIB a reculé de 0,4 % au quatrième trimestre – « l’économie française a retrouvé quelques couleurs depuis le début de l’année », constate l’Insee, qui envisage un second semestre plus dynamique, avec une croissance en rythme annuel de 2,5 %. Les entreprises, qui ont commencé à reconstituer leurs stocks au premier trimestre après avoir puisé dedans fin 2001, continueraient dans cette voie et seraient ainsi les principales pourvoyeuses de croissance aux deuxième et troisième trimestres. Sur l’ensemble de l’année, les variations de stocks, qui avaient pesé négativement pour un point sur la croissance de 2001, seraient neutres. En revanche, les entreprises ne reprendraient que très doucement leurs investissements. L’Insee TABLE sur une progression de ce poste de 0,6 % en 2002.

LA CONSOMMATION FAIBLIT

« Le raffermissement de la consommation serait un élément-clé de la reprise de l’activité. Il permettrait un redémarrage progressif de l’investissement au second semestre », considèrent les statisticiens. La consommation, principal moteur de la croissance en 2001, a donné des signes de faiblesse en fin d’année dernière et au début 2002. En cause : le ralentissement des revenus d’activité lié à la dégradation du marché du travail, et le rebond de l’inflation en début d’année, qui a rogné le pouvoir d’achat des Français. Les choses devraient s’arranger dans la seconde partie de l’année et les dépenses de consommation « se dégeler », pour revenir sur un rythme de progression de 2 % par an, à la faveur de la baisse de l’inflation depuis le printemps et d’une légère amélioration du marché de l’emploi.

Pour autant, l’Insee n’attend rien de spectaculaire. « La reprise en cours de l’activité ferait sentir ses premiers effets sur le marché du travail [au second semestre] mais ceux-ci resteraient modestes à l’horizon de la fin de l’année, car les entreprises feraient face, dans un premier temps, à la nécessité de reconstituer des marges qui se sont fortement détériorées en 2001 », estime l’Insee, qui prévoit 95 000 créations d’emplois en 2002 (contre 240 000 en 2001). Dans ces conditions, le taux de chômage se situerait à environ 9,1 % de la population active à la fin de l’année. Et le pouvoir d’achat du revenu des ménages augmenterait de 1,9 % (contre le maximum historique de 3,5 % en 2001). Au total, l’Insee estime que la demande intérieure, composée pour l’essentiel des investissements des entreprises et de la consommation des ménages, contribuerait à la croissance à hauteur de 1,7 point. Le commerce extérieur, lui, la ferait baisser de 0,3 point en 2002 : si les exportations retrouvent un certain dynamisme avec la reprise mondiale, les importations, elles, rebondissent plus fortement du fait de la recomposition des stocks des entreprises.

Il est un aléa qui pourrait compromettre le scénario relativement optimiste de l’Insee : une appréciation trop forte de l’euro par rapport au dollar. Pour l’heure, ce phénomène est plutôt bon pour l’économie française, dans la mesure où il atténue les pressions inflationnistes. Mais s’il devait s’accentuer, il pourrait entraver la compétitivité des produits français à l’étranger et dégrader les anticipations des entreprises. Sans donner plus de précision, l’Insee rappelle qu’une variation à la hausse de 10 % de l’euro par rapport au dollar amputerait la croissance d’environ un demi point de PIB et l’inflation de 0,6 point.

source : www.lemonde.fr

Auteur de l’article : comitedentreprise.com