COMITE D'ENTREPRISE

Les employés de La Samaritaine manifestent

Après l’annonce de la direction, jeudi soir, les syndicats avaient appelé à une assemblée générale « sauvage » à la mi-journée, dans les rayons du magasin situé sur les bords de Seine, au coeur du 1er arrondissement.

Le service de sécurité empêchant la presse d’entrer, le personnel est sorti sur le trottoir avant de se diriger spontanément vers le siège de LVMH, avenue Montaigne, où une délégation intersyndicale a été reçue vers 13h30.

Les syndicats réclament la nomination d’un médiateur, ne faisant plus confiance à la direction qu’ils soupçonnent d’être depuis longtemps au courant des problèmes de sécurité et d’utiliser ce prétexte pour « relooker » le magasin principal, dont les façades et l’escalier intérieur sont classés monuments historiques.

Sur cet emplacement immobilier stratégique, on parle d’un « Bon Marché Bis », à l’image du magasin de luxe dont LVMH est également propriétaire rive gauche, d’une vente par étages pour faire un centre commercial haut de gamme mais également d’une transformation totale en complexe hôtelier luxueux, le tout dans la perspective des Jeux olympiques de 2012.

Ce vent olympique soufflerait en réalité sur tout le pâté de maisons et même au-delà de la rue de Rivoli, du côté du Forum des Halles, en attente de restructuration. Déjà, le bail du magasin Conforama situé en face de La Samaritaine n’aurait pas été renouvelé.

« Comme par hasard, l’annonce de la fermeture tombe la même semaine que la publication d’un rapport qui dit que Paris a ses chances », déplore Pierre Oberdorff, secrétaire général de l’Unsa-Commerce Ile-de-France. « On nous annonce six ans de travaux, ce qui nous amène jusqu’en 2011-2012, et ce magasin serait une très belle vitrine pour LVMH », ajoute-t-il.

Selon les experts, les structures métalliques de La Samaritaine, symbole du magasin construit en 1905, ne résisteraient pas plus de sept minutes en cas d’incendie, le système de désenfumage serait inexistant, de même que des accès pompiers dignes de ce nom.

PAS DE LICENCIEMENTS

Dans un entretien publié vendredi par Le Parisien, le directeur de l’enseigne, Philippe de Beauvoir, estime que les travaux pourraient durer trois à quatre ans et insiste sur le fait que la mise aux normes ne provoquera « aucun licenciement ».

Des promesses qu’aucun des 800 salariés de La Samaritaine – auxquels s’ajoutent 500 employés des comptoirs de grandes marques – ne veut croire.

« On va être payés six ans à rester chez nous, c’est grotesque », s’emporte Gisèle, 52 ans dont 34 passés dans les rayons de la « Sama ». « Ils veulent changer de clientèle. Ils veulent des jeunes friqués donc ils vont changer de personnel en commençant par virer les plus âgés. »

Pour Madeleine Charton, déléguée syndicale CGT arpentant la rue de Montaigne un mégaphone à la main, « la direction cherche à nous rendre vulnérables » en disant aux employés de rester chez eux pour des raisons de sécurité.

LVMH est à ses yeux « le fossoyeur de La Samaritaine », ayant fermé ses départements les plus rentables afin d’attirer une clientèle « plus noble ».

Le magasin a été réorganisé sur deux bâtiments, les autres étant loués à d’autres enseignes du groupe. Les rayons bricolage, électroménager et jardinage ont été supprimés au fil des ans.

La CGT et la CFTC estiment que LVMH était parfaitement au courant des travaux à effectuer et a fait traîner les choses.

« Nous sommes dans le mensonge complet depuis le rachat », explique Monique Daniel, secrétaire du comité d’entreprise et déléguée syndicale CFTC. « Aujourd’hui, nous demandons des travaux par phasage avec maintien du personnel et de l’activité commerciale ».

C’est l’une des trois solutions avancées par les experts, qui proposent également une fermeture totale, qui aurait le mérite d’être moins longue, ou des travaux verticaux, par blocs.

Un nouveau comité d’entreprise extraordinaire est prévu mercredi matin, avant la fermeture « conservatoire » pour quinze jours pendant lesquels la direction étudiera ces solutions. La décision finale devrait être prise début juillet.

« L’ambiance est électrique mais elle est surtout sécuritaire », temporise Sonia Telmann, porte-parole de La Samaritaine. « Les employés sont sous le choc, c’est totalement compréhensible ».

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