COMITE D'ENTREPRISE

Lustucru dévoré par son actionnaire

En septembre 2002, la famille Skalli, fondatrice et actionnaire de Rivoire et Carret Lustucru (RCL) a vendu une partie de son entreprise (pâtes fraîches et riz) à Panzani, son principal concurrent sur le marché des pâtes. Les deux groupes sont rentables, mais, pour réduire les coûts, Panzani décide de fermer le siège social de RCL, à Marseille. Nombre de personnes touchées : 185. Les directions promettent de reclasser une centaine de personnes. Pour les autres, c’est le plan social, au minimum légal.

Une solution qui heurte les salariés de Marseille, qui demandent une somme supérieure aux 6,5 millions d’euros proposés par la direction. Ils se rendent fin janvier au siège de Panzani à Lyon, pour rencontrer son PDG, Guy Callejon. Qui leur lance : «Je sais bien que ce n’est pas agréable. Mais je n’ai pas les moyens. Je dois ramener des plus-values à mon actionnaire.»

Car, derrière Panzani, il y a PAI Management, ex-Paribas affaires industrielles. Un fonds contrôlé à 49 % par la banque BNP Paribas et à 51 % par ses dirigeants. Début février, les salariés se rendent donc au siège de PAI à Paris et réussissent à rencontrer son PDG, Amaury de Seze. Mais la rencontre n’aboutit à rien. «Ce refus de céder est étonnant, estime Katia Fiorentino, une salariée du comité d’entreprise. Le retard pris sur le calendrier coûte de l’argent à Panzani. A moins que la direction ne veuille pas donner l’impression qu’elle cède trop facilement, parce qu’il y a d’autres plans sociaux en préparation.» Des menaces pèsent sur certains sites de production qui pourraient faire doublon.

Mais tout dépendra de ce que veut faire PAI (1). Le fonds a racheté Panzani à Danone fin 1997 alors que l’entreprise était en mauvaise santé. «A l’époque, se souvient Jean-Claude Nervegna, délégué FO de Panzani, Danone nous avait laissés tomber. Depuis deux ans, ils coupaient les budgets marketing et de communication. Ils ont en fait laissé à d’autres le soin de faire le sale boulot.» Le nouveau PDG nommé par PAI, Guy Callejon, a réussi à relancer l’entreprise, via un plan social important et en en injectant plusieurs millions d’euros. Aujourd’hui, la logique voudrait que PAI se désengage, comme le veut le modèle économique de ces entités financières. Mais les acheteurs ne se bousculent pas, trouvant Panzani trop petit et pas assez diversifié. D’où la stratégie des dirigeants : croître au moindre coût, pour permettre à PAI de valoriser le groupe, et faire un beau coup financier.

>(1) Malgré nos relances téléphoniques, les directions de Panzani et PAI n’ont pas voulu répondre à nos questions.
source : Liberation

Quitter la version mobile