COMITE D'ENTREPRISE

Air Lib ne volera plus

C’EST UN PEU avant 20 heures, hier, que le couperet est tombé sur la deuxième compagnie aérienne française et ses 3 200 salariés. Liquidation pure et simple ! Le tribunal de commerce de Créteil a donc préféré mettre fin à un feuilleton qui durait depuis plusieurs mois. Sans retenir la solution alternative, consistant à mettre en place un plan de redressement avec une période d’observation. Il semble donc qu’aucun repreneur, en tout cas crédible, ne se soit présenté, contrairement aux espoirs que nourrissaient, encore ce week-end, les employés d’Air Lib. La direction de la compagnie a toutefois immédiatement contre-attaqué. Elle a fait savoir qu’elle ferait appel, dès aujourd’hui, devant la cour d’appel de Paris, assurant qu’Air Lib « disposait des moyens de trésorerie pour un mois » et qu’un investisseur européen était prêt à entrer au capital de la compagnie… Pourtant, hier soir, les salariés ne se faisaient plus aucune illusion et ne cachaient ni leur amertume, ni leur colère.

Un désastre social
« C’est un véritable désastre. On jette les salariés à la rue alors que la situation économique est dramatique. Nous sommes dans un désespoir terrible », explique Paul Fourrier, délégué CGT. De fait, la liquidation d’Air Lib va se traduire par la plus grosse hémorragie sociale, en France, depuis la fermeture des usines Moulinex, en 2001. Ce dossier social s’annonce donc particulièrement épineux pour le gouvernement. « On va faire le maximum d’efforts » pour assurer le reclassement individuel des salariés (…) maintenant, qu’hélas, il semble ne plus avoir de solution collective », a assuré Gilles de Robien, le ministre des Transports. Samedi 8 février, Dominique Bussereau, le secrétaire d’Etat aux Transports, avait déjà reçu les présidents de quatre compagnies nationales (Air France, Aéroports de Paris, SNCF et RATP), pour tenter de les convaincre de reprendre des salariés d’Air Lib. La mise en place d’une cellule de reclassement, par l’Etat, a également été évoquée, vendredi dernier, lors d’une réunion avec les syndicats. « Ils nous ont parlé d’une cellule fonctionnant pendant six mois, mais il va falloir au moins deux ou trois ans », regrette Gilles Nicoli, responsable CFDT. Le transport aérien se porte, effectivement, mal, et même Air France, pourtant en bonne santé, risque d’être prise dans les turbulences d’un éventuel conflit en Irak, à quelques mois de sa privatisation. Les salariés savent que rebondir sera difficile. Lors du dernier plan social d’Air Lib, en 2001, 30 % seulement des licenciés avaient retrouvé un emploi… En attendant, les concurrents d’Air Lib, et notamment des compagnies étrangères à bas coûts, comme la britannique EasyJet, rodent déjà autour des restes de la compagnie. En ligne de mire : les créneaux aériens dont elle dispose à Orly et dans plusieurs aéroports de province, dont plusieurs ont exprimé leur souhait de voir réaffecter ces créneaux le plus rapidement possible afin d’éviter l’asphyxie de l’économie de leur région. Le président d’Air Lib, Jean-Charles Corbet, s’est fait remarquer par son silence. Il est vrai que, la semaine dernière, plusieurs syndicats s’interrogeaient sur le profit qu’il pouvait tirer de la déroute d’Air Lib, grâce à des montages financiers particulièrement opaques. Un dossier que le tribunal de commerce va « prendre à bras le corps », selon les propos du président du tribunal de commerce de Créteil. A suivre…

source : leparisien.com

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