COMITE D'ENTREPRISE

La fin tragique d'une fonderie centenaire

UN CIEL GRIS bouche l’horizon de la commune de Noyelles-Godault en ce dimanche après-midi. La petite ville de 5 500 habitants est encore sous le choc de l’annonce de la fermeture de son plus gros site industriel : l’usine de fonderie de plomb Metaleurop Nord, qui emploie 830 salariés. Vendredi, en effet, la maison mère, Metaleurop, a décidé de se désengager financièrement du site. Les jours de l’entreprise, qui affiche une perte de 97 millions d’euros, sont comptés. Et pour l’heure, les employés ne peuvent même pas compter sur des mesures d’accompagnement social. Une seule certitude : les salaires de janvier seront versés. Mais après ? La tragédie occupe toutes les conversations. La mort annoncée du site, qui a ouvert ses portes en 1894, constitue aux yeux de tous un véritable drame. Au niveau social, bien sûr, mais aussi au niveau sanitaire et écologique. Depuis de nombreuses années, l’usine génère une pollution historique reconnue. Les émanations de plomb ont engendré des cas de saturnisme. L’an dernier, Metaleurop s’était engagé à dépolluer le site, pour un montant de 600 000 d’ici à 2006. Une action désormais totalement remise en cause…

2 000 emplois menacés

« En termes d’emploi, c’est catastrophique. Non seulement les 830 ouvriers se retrouvent au chômage, mais tous les sous-traitants vont être touchés : on estime que plus de 2 000 emplois vont disparaître », souligne Léon Pollet, délégué CGT de Metaleurop. Les commercants sont également très inquiets : « Une bonne partie de mes habitués sont des salariés de Metaleurop. Nous aussi, on va être affectés », soupire Antoine, le patron du bar l’Etrier situé près de l’usine. Le choc est d’autant plus rude que la région est sinistrée : le taux de chômage atteint les 25 %… Les pouvoirs publics ont assuré qu’ils allaient prendre le dossier en main. Jean-Paul Delevoye, ministre de la Fonction publique et ex-sénateur du Pas-de-Calais, affirmait même avant-hier qu’il allait engager un « bras de fer » avec la direction du groupe. Mais les gens d’ici n’y croient pas vraiment. Depuis cinq ans, les riverains se battaient pour obtenir des réparations financières pour les préjudices causés par la pollution : 260 enfants sont touchés par le saturnisme, et les maisons aux abords ont été classées en zone rouge et ne valent désormais plus rien. En octobre, une action en justice avait été lancée par un comité de défense. « Ils ont préféré se déclarer en faillite plutôt que de débourser un centime. Pour dépolluer totalement Metaleurop, il faudrait 250 millions d’euros », s’emporte Jean-Pierre Wirtgen, le président du comité. Et de souligner : « Nous n’avons jamais voulu la fermeture du site. Il ne s’agissait pas de placer les salariés dans une situation difficile. » Petit à petit, la riposte s’organise. Les élus locaux partent en guerre contre Metaleurop. Un comité d’entreprise extraordinaire se déroulera ce matin dans l’usine. Mais le coeur n’y est pas vraiment : « Avant, le Pas-de-Calais, c’était une vache à lait. A présent, on est une vache folle, et on est en train d’abattre le cheptel », soupire Jean-Claude, un habitant. NOYELLES-GODAULT (PAS-DE-CALAIS) , HIER. « Ça va être dur de retrouver du travail. Les entreprises ferment les unes après les autres », soupire Jacky Blondiau, cariste chez Metaleurop .
source : www.leparisien.com

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