COMITE D'ENTREPRISE

Serflex : les salariés se mobilisent contre le départ en Pologne

« Nous n’en sommes qu’au début. Cet après-midi nous débrayons pour la première fois. On est encore dans la phase économique : la direction doit nous prouver que le site engrange des pertes. Après, on passera à la phase sociale », prévient un membre du comité d’entreprise.
« C’est un beau gâchis » Dans la cour de Serflex, les regards sont moroses. « C’est un beau gâchis », soupire Patrick. « On se souviendra du 12 septembre. Quand ils nous ont annoncé que la boîte allait fermer, ça a été comme un coup de couteau, soudain et violent. » Jean-Marc, 36 ans dont 14 chez Serflex, ne décolère pas : « On est écoeurés ! On a encore des commandes. Je suis persuadé que l’entreprise est viable, qu’il existe des solutions pour qu’on reste ici. En fait, ils veulent réduire les coûts comme d’autres sociétés avant nous et après nous. » Installé à Champigny depuis sa création en 1948, Serflex est le fabriquant de colliers de serrage.
« On n’a plus rien à perdre » Sa renommée en a fait un nom générique, le produit allant jusqu’à s’effacer derrière la marque. On parle de serflex comme de frigidaires. En 1989, première alerte, la société est rachetée par le groupe Caillau basé à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Hier, la direction, qui s’apprête à franchir une nouvelle étape, restait muette sur ce projet. « La question est plus large, analyse un employé. Il y a de fortes chances pour que l’usine déménage en Pologne peu avant l’entrée de ce pays dans l’Union européenne. Par la suite, cela risque de poser de graves problèmes aux salariés des entreprises comme la nôtre. C’est évident que les patrons préfèrent produire dans des zones où la main-d’oeuvre a une culture de la mécanique et coûte moins cher ! » Face à une issue qui semble inéluctable, les « serflex » assurent qu’ils resteront inflexibles. Et un gréviste de promettre : « On n’a plus rien à perdre. Ils vont nous entendre : on ne se laissera pas mettre à la porte sans faire de bruit ! »

 

CHAMPIGNY, HIER APRES-MIDI. Face à la menace de délocalisation de leur entreprise, la centaine de salariés de la société Serflex a débrayé pour la première fois.

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