COMITE D'ENTREPRISE

Vivendi décide sa sortie de Vivendi Environnement

Vivendi Universal a semble-t-il brutalement progressé dans ses efforts de restructuration et de quête d’argent frais. Dans un communiqué publié jeudi soir, le groupe de médias annonce en effet différentes mesures de grande ampleur, dont la décision de vendre sa participation dans Vivendi Environnement, et la cession de l’éditeur américain Houghton Mifflin. Au total, le groupe, qui pourrait bien avoir trouvé ainsi les moyens dont il avait besoin pour se renforcer dans Cegetel, sa filiale de téléphonie convoitée par Vodafone, espère avoir cédé 7 milliards d’euros d’actifs d’ici la fin de l’année, soit 2 de plus qu’attendu jusqu’ici.

Cession de Vivendi Environnement

L’annonce la plus spectaculaire effectuée jeudi soir par le groupe de Jean-René Fourtou tient à sa décision de se désengager totalement de Vivendi Environnement. Activité historique du groupe, avant que Jean-Marie Messier ne décide de bâtir un empire international de médias, VE est encore aujourd’hui contrôlé à 40,40% par VU.

Mais le conseil d’administration de Vivendi Universal a décidé de vendre de gré à gré cette participation, en commençant – dans une première étape – par la moitié de ses titres. Ceux-ci seront vendus à un « nombre limité d’investisseurs », acceptant de reprendre ses engagements de « lock-up » jusqu’au 21 décembre 2003.

L’opération ne s’arrête pas là. VU précise en effet que chaque action VE cédée sera accompagnée d’une option d’achat irrévocable sur une autre action de la filiale d’eau et de services collectifs. Si bien qu’à terme, après exercice de ces options, « Vivendi Universal ne détiendrait plus d’actions Vivendi Environnement », ajoute le communiqué du groupe.

VU précise avoir mandaté les banques d’affaires Lazard et Merrill Lynch pour trouver « en pleine collaboration avec Vivendi Environnement, de nouveaux investisseurs stables susceptibles d’accompagner Vivendi Environnement dans son développement à long terme ».

Vente de Houghton Mifflin

Le groupe annonce également avoir conclu la cession de l’éditeur américain Houghton Mifflin, dont la vente avait été finalement dissociée de celle du reste de Vivendi Universal Publishing, qui vient d’être cédé au groupe Lagardère. C’est finalement un consortium composé de Thomas H. Lee et de Bain Capital qui reprend l’éditeur, sur une base de valorisation de 1,66 milliard de dollars, soit environ 1,7 milliard d’euros.

7 milliards de cessions d’ici fin 2002

Avec les annonces de ce jour, le programme de cession d’actifs engagé dès son arrivée par Jean-René Fourtou prend évidemment une autre dimension. En prenant en compte la cession à venir des titres de Vivendi Environnement, « le groupe devrait avoir cédé environ 7 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année et 16 milliards d’euros d’ici fin novembre 2004 », annonce-t-il. Il s’agit là d’une nette accélération par rapport à l’objectif de 12 milliards d’euros de cessions d’ici à juin 2004 affiché jusqu’ici.

Outre la vente des titres VE, les actifs cédés ou en voie de l’être incluent en effet des actions Vinci (291 millions d’euros), les 25 % restants de la presse professionnelle et santé (150 millions d’euros), des actions Lagardère (44 millions d’euros), le groupe de presse L’Express L’Expansion Comareg (320 millions d’euros), Canal+ Technologies (190 millions d’euros), Vizzavi (143 millions d’euros), Telepiù (893 millions d’euros avant ajustement dettes fournisseurs), les activités d’édition Europe et Amérique Latine (1,25 milliard d’euros) et Houghton Mifflin (environ 1,7 milliard d’euros).

Situation financière du groupe

Dans ces conditions, Vivendi Universal peut voir l’avenir avec plus de décontraction. Dans son communiqué, le groupe affirme ainsi qu’il « dispose désormais d’une marge de manoeuvre suffisante en termes de liquidité et aborde donc sereinement sa prochaine échéance importante, en mars 2003, liée à l’éventuel remboursement anticipé en numéraire de l’obligation échangeable en actions Vivendi Environnement émise par Vivendi Universal pour un montant maximum de 1,9 milliard d’euros ».

Afin de bien peser la nouvelle donne de sa situation financière, le groupe demande d’ailleurs à ses banques de reporter jusqu’au 25 novembre « la mise en place définitive de la ligne de crédit de 3 milliards d’euros ».

Une stratégie à définir

Ainsi allégé de grosses participations, Vivendi va pouvoir se concentrer sur la définition de sa nouvelle ligne stratégique. La priorité pour le groupe va être de décider de sa position finale vis à vis de Cegetel. Les cessions annoncées ce jeudi devraient lui permettre de financer la reprise de sa filiale de téléphonie mobile, pour laquelle il a besoin de trouver au moins 4 milliards d’euros pour racheter les 26% détenus par BT, et éventuellement 2,3 milliards supplémentaires pour les 15% de SBC. Mais paradoxalement, le fait d’avoir conforté sa situation financière permet également à VU de renforcer sa position de négociation envers Vodafone. L’opérateur britannique avait renouvelé, mercredi, sans rien y changer, son offre de 6,77 milliards d’euros pour les parts de VU dans Cegetel. Vodafone repoussait toute idée de relèvement de son prix, tablant peut-être sur la situation de faiblesse de Vivendi Universal. Aujourd’hui, le groupe leader de la téléphonie mobile pourrait être amené à revoir son offre à la hausse s’il veut vraiment s’offrir Cegetel et sa filiale SFR.

Reste en tout état de cause à VU, en passe de sortir totalement de l’édition, de la presse et de l’environnement, à démontrer en quoi être actif dans le cinéma et la musique aux Etats-Unis avec Universal, dans la télévision en Europe avec Canal+ et dans le téléphone en France avec Cegetel constitue une stratégie de groupe.

En Bourse, les décisions du groupe sont bien accueillies. L’action gagne 5,38%, à 13,70 euros, dans la matinée. Vivendi Environnement profite aussi de la nouvelle en s’octroyant 3,46%, à 23,90 euros.
www.latribune.fr

Quitter la version mobile