COMITE D'ENTREPRISE

Les salariés s'apprêtent à bouder les prud'homales

A Bercy à la mi-octobre pour la CFDT, conférence de presse pour l’Unsa, sans oublier Force ouvrière, qui entrera à son tour en campagne aujourd’hui… Depuis deux mois, petits et grands syndicats ne ménagent pas leurs efforts pour convaincre les salariés de voter aux élections prud’homales du 11 décembre. Et pour cause… Ce scrutin stratégique vise non seulement à élire les 15 000 conseillers prud’homaux, qui auront pour mission de régler les conflits individuels du travail – entre un patron et son employé -, mais aussi à mesurer, une fois tous les cinq ans, l’audience des différentes centrales syndicales dans le secteur privé.
Les sondages prévoient 69 % d’abstention Las ! A en croire un sondage de l’Institut CSA, publié hier par « Liaisons sociales » – Altédia, les salariés français s’apprêtent à bouder cette élection : le taux d’abstention, qui atteignait déjà 59,7 % il y a dix ans, puis 65,6 % lors des dernières prud’homales, en 1997, bondirait cette fois à 69 %. Bref, seuls trois salariés sur dix se déplaceraient pour voter. Du jamais vu. Pis, le pourcentage d’abstentionnistes culminerait même à 77 % chez les salariés des très petites entreprises (moins de 10 employés), à 70 % chez les titulaires d’un CDD (contre 66 % pour les détenteurs d’un CDI), et à 89 % chez les intérimaires. Un résultat d’autant plus paradoxal que les personnes interrogées disent très majoritairement faire confiance au syndicalisme en général (65 % aujourd’hui, contre 54 % en 1997), et au conseillers prud’homaux en particulier (79 %)… Dans ce climat morose, le hit-parade des cinq grands syndicats français ne serait pas bouleversé. Avec un tiers des voix (33 %), la centrale de Bernard Thibault, la CGT, confirmerait sa place de première.
Pas de bénéfice électoral des 35 heures pour la CFDT Forte de la hausse croissante de ses adhérents depuis dix ans, la CFDT, qui espérait lui ravir la vedette, en sera, elle, pour ses frais. Aujourd’hui dirigé par François Chérèque, ce syndicat reculerait même de 25,4 % à 24 %. Une vraie surprise : alors que la CFDT, ouvertement favorable aux 35 heures, a largement profité de l’instauration de la réduction du temps de travail dans les entreprises pour y placer de nouveaux pions, elle n’en tire visiblement aucun bénéfice électoral. Viendraient ensuite FO (20 % des suffrages), la CFTC (8 %), et la CFE-CGC (6 %). Enfin, les « petits » comme l’Unsa, qui espéraient mettre un grand coup de pied dans cette fourmilière syndicale, risquent, eux aussi, d’être déçus : avec 1 % des voix, contre 0,7 % en 1997, l’Unsa se retrouverait, ni plus ni moins, au même niveau que le groupe des 10 SUD.

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