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Bush a le feu vert du Congrès et accentue sa pression sur l'ONU

A 13 heures, M. Bush est apparu dans la roseraie de la Maison Blanche, entouré du speaker (président) de la Chambre, Dennis Hastert, du chef de la minorité démocrate, Richard Gephardt, et du chef de la minorité républicaine du Sénat, Trent Lott.

Etaient présents, aussi, des sénateurs démocrates favorables à la politique de M. Bush, au premier rang desquels figurait Joseph Lieberman, ancien colistier d’Al Gore pour la présidentielle de 2000. Etaient absents ceux à qui cette réunion donnait tort : Thomas Daschle, chef de la majorité démocrate du Sénat, Joseph Biden, président de la commission des affaires étrangères, mais aussi Richard Lugar, le chef de file des républicains dans cette commission.

Dans son allocution, M. Bush a mêlé, de nouveau, les propos relevant d’une logique de « changement de régime » à Bagdad et ceux qui visent seulement le « désarmement ». Selon lui, le projet de résolution élaboré par la Maison Blanche avec ses interlocuteurs parlementaires aura pour effet que « le régime va savoir qu’il n’a pas d’autre choix que de se plier à toutes les demandes du Conseil de sécurité de l’ONU et que le temps qui lui reste pour faire ce choix est limité ». Cependant, il a affirmé aussi : « Saddam doit désarmer, un point, c’est tout. »

Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison Blanche, a expliqué que la politique des Etats-Unis est double : des Nations unies, l’exécutif veut obtenir le « désarmement » ; au Congrès, il demande les moyens d’imposer un « changement de régime ». L’administration Bush fait valoir que la résolution votée par le Congrès en 1998 signifiait déjà le renversement de Saddam Hussein et de son régime.

Le projet déposé à la Chambre par les dirigeants républicains et démocrates et, au Sénat, par deux sénateurs républicains et deux démocrates est nettement plus complexe que le texte proposé par la Maison Blanche le 19 septembre. Là où ce dernier réglait la question en un seul article (mis à part l’article 1er, portant sur le titre de la résolution), le texte de compromis en comprend trois, eux-mêmes subdivisés.

OPPOSITION ISOLÉE

Le premier « soutient les efforts du président pour faire respecter strictement les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU applicables à l’Irak » et pour « obtenir du Conseil de sécurité qu’il agisse de façon rapide et décisive ».

Le deuxième article autorise le président à employer les forces armées pour « défendre la sécurité des Etats-Unis contre la menace que représente l’Irak »et pour faire respecter « toutes les résolutions de l’ONU concernant l’Irak ». Le troisième fait obligation au président de soumettre au Congrès, tous les soixante jours, un rapport sur les actions entreprises.

La Maison Blanche est donc parvenue à isoler l’opposition qui s’était exprimée au Congrès. A la Chambre, les trois députés démocrates qui s’étaient rendus à Bagdad, d’où ils avaient tenu aux télévisions des propos hostiles à M. Bush, se sont faits discrets à leur retour. L’alliance des républicains et de la grande majorité des démocrates, ces derniers emmenés par M. Gephardt, garantit un vote rapide et sans amendements notables. Face à la menace irakienne, a dit le député du Missouri, « nous devons agir diplomatiquement si nous le pouvons, militairement si nous le devons ».

Il a fait valoir les « améliorations » obtenues : priorité donnée à l’ONU, obligation de notifier au Congrès le choix de l’action militaire, réduction de 90 à 60 jours du rythme auquel la présidence devra rendre compte de la mise en oeuvre de sa politique.

Alors que la commission des affaires étrangères de la Chambre se réunissait pour discuter de la future résolution, des députés des deux partis exprimaient le regret que le compromis accorde une aussi ample latitude à M. Bush. Ils estimaient, cependant, que la dynamique créée était imparable et qu’un vote favorable interviendrait rapidement.

Au Sénat, M. Daschle a publié un communiqué reconnaissant que le texte de compromis représentait un progrès, mais critiquant le fait que l’accent ne soit pas mis plus clairement sur le désarmement et que rien ne soit dit des projets de l’exécutif pour l’après-Saddam en Irak.

Cependant, M. Biden, jugeant le moment venu de se montrer « pragmatique », écartait l’éventualité de présenter une contre-résolution. Les points principaux du projet qu’il avait rédigés avec M. Lugar pourraient venir en discussion sous forme d’amendements, disait-il, mais il ne leur accordait aucune chance d’être adoptés.

L’essentiel, pour M. Bush, est d’obtenir du Congrès le droit d’employer la force pour faire respecter l’ensemble des résolutions de l’ONU concernant l’Irak. Les députés et les sénateurs vont donner au président le moyen d’accentuer sa pression sur les Nations unies, tout en l’autorisant à agir sans l’accord de l’organisation internationale

L’Irak refuse une nouvelle résolution

Le vice-premier ministre irakien, Tarek Aziz, a écarté, le 2 octobre, le vote d’une nouvelle résolution, comme le demandent les Etats-Unis. « Cette proposition des Etats-Unis est inacceptable, pas seulement du point de vue de l’Irak, mais aussi de celui du Conseil de sécurité, parce qu’il n’y a pas besoin d’une nouvelle résolution », a déclaré M. Aziz en visite à Ankara. « Les résolutions du Conseil de sécurité sont valables et suffisantes pour que les inspecteurs remplissent leur mission », a-t-il ajouté.

Le vice-premier ministre a par ailleurs averti que l’Irak se battrait « très énergiquement » mais ne prévoyait pas de représailles contre ses voisins, notamment la Turquie, en cas d’attaque américaine. – (AFP)

source : www.lemonde.fr

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