COMITE D'ENTREPRISE

Risques industriels : Un an après AZF, le syndicalisme continue de s'interroger

Pour autant, explique Dominique Olivier, responsable confédéral en charge des risques industriels, « cette catastrophe résonne comme un échec majeur de notre société, un échec de notre mode de développement mais aussi, il serait dangereux de l’oublier, un échec de notre intervention syndicale. » L’analyse est sévère. Cet ancien militant de la FCE (Fédération Chimie énergie) sort tout juste d’un séminaire sur les risques industriels organisé par la CFDT, du 9 au 13 septembre. Une bonne trentaine de participants où syndicalistes, universitaires et scientifiques ont tenté de déterminer leur rôle dans la maîtrise des risques, de recenser les carences afin de dégager des pistes de prévention pour l’avenir des industries à risques. « Depuis le 21 septembre, lors des nombreux débats pour expliquer l’ampleur de la catastrophe, le syndicalisme a eu toute sa place, explique Dominique Olivier. La fonction des syndicalistes est rarement décisionnelle mais elle rassemble deux caractéristiques majeures : un niveau d’information de qualité ainsi qu’une capacité d’alerte. Or, force est de constater que Toulouse a mis en lumière nombre de faiblesses, y compris sur le terrain syndical. »

Syndicalisme et sûreté industrielle. Comme toute grande catastrophe industrielle, celle de Toulouse a durablement prolongé le débat. La session de septembre fait suite à de nombreuses discussions où la CFDT s’est impliquée dès le 22 septembre 2001. L’important n’étant pas seulement de comprendre “ AZF ” mais de tout mettre en oeuvre pour éviter que pareil drame ne se reproduise. En ligne de mire, une stratégie s’approchant au plus près du “ risque zéro ”, une industrie à risques maîtrisée, des emplois sûrs et pérennes appuyés par un syndicalisme responsable. L’enjeu est de taille, car les industries nucléaires et chimiques ne sont pas les seules entreprises à hauts risques. Sur le simple territoire français, on recense environ 1250 installations soumises à la directive européenne SEVESO 2. La liste est longue et touche un nombre croissant de branches professionnelles. “ Après Toulouse ”, Jacques Khéliff, secrétaire général de la FCE et de nombreux militants de cette fédération ainsi que Dominique Olivier, sont bien souvent montés en première ligne dans les échanges et auditions. Un mois après l’explosion, un débat national était organisé sous la forme de tables rondes régionales auxquelles 7000 personnes, dont nombre de cédétistes, ont participé. La contribution la plus complète ressort néanmoins des trois mois d’audition de la Commission d’enquête parlementaire et de ses 90 propositions sur « la sûreté des installations industrielles et des centres de recherche et sur la protection des personnes et de l’environnement en cas d’accident majeur ». La CFDT a été longuement entendue. Le manque de formation des élus CE et CHSCT tout comme leur faible implication par le patronat sur la prise en compte du risque furent pointés. La CFDT a également convenu d’une réelle absence de “ culture du risque ” dans les rangs syndicaux, et s’est dite « favorable à ce que l’on développe les moyens des CHSCT […] ». Mais a reconnu « un problème psychologique, politique, de culture de la sécurité qui n’est pas si facile à régler par décret. » Il apparaît donc clairement que la voie du syndicalisme est le passage incontournable vers la maîtrise des risques industriels, bénins ou majeurs. Vers un environnement protégé, de meilleures conditions de vie et de travail.

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