COMITE D'ENTREPRISE

MP3 – Internet déchante

«La Libre Belgique» note en effet que, le 11 septembre 2002, «les organismes représentatifs des industries musicales et cinématographiques ont déposé une plainte en référé devant le tribunal de Los Angeles contre les maisons mères de KaZaA, Morpheus et Grokster, trois logiciels permettant l’échange – gratuit – de fichiers musicaux et vidéo via Internet.» «The New York Times» signale pour sa part que ladite industrie a aussi déposé une plainte, le 4 septembre, contre Madster (ex-Aimster), un clone des trois autres.

L’industrie semble bien décidée à en découdre rapidement maintenant que la longue agonie de Napster touche à sa fin. «Un juge a prononcé la liquidation définitive du site emblématique de partage de fichiers musicaux le 3 septembre 2002», affirme «The Boston Globe», tandis que le «Los Angeles Times» rapporte qu’un autre juge «a laissé à Napster jusqu’au 27 septembre pour une ultime chance de trouver un repreneur». Déjà, écrit «La Libre Belgique», «les multinationales du disque resserrent leur étreinte sur les successeurs du pionnier de l’échange musical en ligne, espérant les mener là où elles ont conduit Napster».

La technologie à l’assaut des «pirates»

A cause du lobbying intense de l’industrie, le Congrès américain pourrait proposer une loi permettant de fait de «torpiller les réseaux d’échange de fichiers musicaux afin d’empêcher la diffusion gratuite via Internet d’oeuvres numérisées protégées par le droit d’auteur», poursuit le journal belge, qui décrit même comment les majors de la musique vont s’y prendre. «Des sociétés spécialisées dans le `webspoofing´ iront inoculer dans les `réseaux pirates´ des kyrielles de fichiers leurres, ces fichiers dont la qualité est altérée (par des bruits de fond, des blancs ou d’autres défauts) ou qui présentent un contenu bidon ou modifié (un extrait ou quelques accords joués en boucle). Bref, une véritable pollution visant à dévaloriser ces services, qui, devenant moins efficaces, deviendraient aussi moins attractifs.» Les fichiers pollueurs pourraient aussi «prendre la forme de mouchards visant à identifier les internautes se livrant à l’échange», avec l’idée bien arrêtée d’aller ensuite demander des comptes (sonnants et trébuchants) aux fournisseurs d’accès ou aux utilisateurs.

Les Sony, Vivendi, Bertelsmann, Warner ou EMI (unis en une association commune, la RIAA) pensent ainsi mettre fin à ce qu’ils qualifient de piratage. Ils reprochent à Kazaa et compagnie d’avoir «créé des systèmes qui permettent à leurs utilisateurs de trouver les morceaux de musique et les films les plus populaires, sans s’acquitter des droits afférents à ces oeuvres», note «La Libre Belgique». Les promoteurs des sites d’échange répondent que partager des morceaux de musique dans le cadre d’un réseau privé n’est en rien répréhensible.

Des CD gratuits sur le Net

Reste que l’attitude des majors peut mettre carrément fin à tous les échanges de fichiers sur le Net, même ceux qui n’ont rien à voir avec la musique ou la vidéo. C’est un risque si les logiciels de partage sont interdits. C’est d’ailleurs l’argument de Streamcast Networks, la maison mère de Morpheus.

Quant aux industriels, qui font face depuis deux ans à une chute de plus en plus marquée des ventes de disques, ils devraient peut-être baisser leurs tarifs prohibitifs, de moins en moins en rapport avec le pouvoir d’achat des jeunes, leurs principaux clients mais aussi les principaux utilisateurs des sites de partage. «Le Temps» rapporte que bien que les disquaires pensent que le web «pourrait à terme mettre en péril le CD, ils se disent confiants : Internet exerce encore une concurrence marginale, auprès de publics très ciblés. Les magasins ne mourront pas.»

Et puis la démonstration de force n’est peut-être pas la meilleure solution. Un peu de négociation serait la bienvenue, car, pour un «pirate» détruit, au terme d’une longue lutte, d’autres apparaissent toujours. Pendant que la RIAA va devant les tribunaux, «des sites comme «Listen4ever» ou «21stCenturyMp3» offrent gratuitement de télécharger des CD complets d’artistes aussi célèbres que Bruce Springsteen ou Def Leppard», raconte le «Los Angeles Times». Des disques qui ne sont parfois même pas encore sortis à la vente !«Ces sites vivent de pubs, dont celles d’entreprises de premier plan comme Dell Computer, et sont très difficiles à attaquer.» Le «LA Times» a essayé d’entrer en contact avec l’un d’entre eux, «Listen4ever» : les propriétaires sont des compagnies australienne et chinoise, et il est basé à Pékin. Et si la RIAA veut chercher des noises à l’empire du Milieu, elle va constater qu’en matière de copie les Chinois connaissent la musique…

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