COMITE D'ENTREPRISE

Les internautes surveillent les internautes

Depuis quelques années, certains providers se sont équipés de logiciels particulièrement efficaces. D’autres comme AOL ou Wanadoo offrent pour tout abonnement un logiciel de contrôle parental qui permet aux adultes de définir les sites que pourront aller visiter les enfants. D’autres encore ont créé une communauté d’internautes affiliés au serveur qui surveillent en permanence les pages de chat.
Ainsi MSN, Caramail ou Wanadoo pour ne citer qu’eux disposent de “membres ” volontaires qui contrôlent continuellement les salons virtuels de discussion et repèrent les malotrus. Avec en ligne de mire: l’éjection momentanée ou définitive du chatteur indésirable. L’idée, des plus ingénieuses, consiste à choisir avec parcimonie quelques internautes qualifiés et à leur demander de participer à la surveillance des salons virtuels. Ainsi distingués, les chatteurs refusent rarement et acceptent la mission, non rémunérée… Et c’est bien là que réside l’idée de génie: le provider se dote gracieusement d’une équipe de spécialistes de la toile et en profite pour fidéliser sa clientèle.
Wanadoo par exemple en est un. Depuis longtemps, les têtes pensantes de la filiale Internet de France Télécom ont demandé à quelques uns de leurs abonnés de participer à la surveillance de ses salons. Au sommet de la pyramide: un trio d’administrateurs de Wanadoo, basé à Issy-les-Moulineaux, qui veille sur tous les salons. Inutile de préciser que sans le concours des internautes métropolitains mais également domiens, leur travail serait sans résultat probant.
Aujourd’hui, ils sont plusieurs centaines à leur prêter main-forte. Ceux-là s’appellent les opérateurs ou “ chan master ”. Ils surfent sur les salons, à leurs frais, chattent avec les internautes, animent les discussions et veillent aux dérapages. Propos violents, racistes, publicités clandestines, propositions sexuelles… Rien ne leur échappe… En principe.

WANADOO RÉUNION SOUS SURVEILLANCE

A la Réunion, ils sont une petite trentaine. Lilian Compagnon, de son pseudo Arko, est un jeune internaute dionysien qui joue le jeu assidûment. Récemment “diplômé” opérateur, il passe le plus clair de son temps libre sur les chats de Wanadoo et décèle les petits malins ne respectant pas la charte déontologique en la matière. “ Ça fait déjà deux ans que je chatte. J’y passe parfois même jusqu’à 300 heures par semaine. J’ai choisi d’adhérer à la charte des opérateurs pour le plaisir. Depuis que je fais ça, j’ai même fait fermer un site zoophile… Aujourd’hui, le serveur est très sécurisé ”, explique Arko.
Et pour parfaire ce délicat travail d’inspecteur de chat, Wanadoo a imaginé ce que les opérateurs nomme Irix, le robot. Il s’agit en réalité d’un logiciel qui pénètre les chats et décèle tout terme prohibé par la “net-étiquette ”. Ainsi, le chatteur qui tapera sur son clavier des termes comme Ben Laden, sexe ou tuer sera immédiatement repéré et pourrait être, le cas échéant, expulsé du salon. C’est ce que l’on appelle “ l’autokill ”… Alors si l’envie vous prenait de devenir opérateur, sachez tout de même que vous ne pouvez faire acte de candidature auprès de Wanadoo. Ce sont les opérateurs eux-mêmes qui vous repéreront et viendront à vous. Ils vous feront même passer un petit test, au nom de code furtif: X OP. Ce n’est qu’en cas de réussite que vous pourrez devenir opérateur et enfin bénéficier du privilège de chatter dans le salon qui leur est réservé: le salon Soho.
Aujourd’hui Wanadoo dispose, pour les milliers de chatteurs qui lui sont fidèles, d’une vingtaine de salons officiels, classés par catégories telles l’âge, le sexe, la thématique, le lieu géographique… Et plusieurs milliers de salons privés. Ces derniers ne le sont d’ailleurs pas tout à fait puisqu’en réalité, une surveillance, relativement minime, s’y opère tout de même. Le travail de contrôle est donc laborieux mais la législation, récemment élaborée, permet aux opérateurs de retrouver un internaute indésirable. Des plaintes ont même déjà été déposées contre quelques-uns, avec des peines de prison à la clé.

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