COMITE D'ENTREPRISE

Tourisme de masse : les dispositifs d'aides ont besoin d'un nouveau souffle.

Le temps des Trente Glorieuses est révolu.

« Quand on a l’impression que tout le monde part en vacances, quand on regarde à la télévision les vacances des autres et que l’on reste assigné à résidence dans son HLM, on se sent encore davantage en marge de la société. En d’autres termes, le non accès aux vacances est devenu l’une des composantes de l’exclusion » commente Jean Froidure, spécialiste des questions de tourisme.

Car les Trente Glorieuses et la formidable élévation du niveau de vie sont passées par là. En 1950, ceux qui partaient faisaient figure de privilégiés : ils étaient trois sur dix. En 1980, ils sont six sur dix. Le tourisme social et associatif prend une large part au développement du tourisme de masse. L’État, les collectivités locales, les caisses d’allocations familiales, par le biais d’aides à la pierre et d’aides à la personne, permettent aux villages vacances de se multiplier et à des familles toujours plus nombreuses de goûter aux joies des transhumances estivales.

Puis viennent la crise, le chômage. Et les dispositifs d’aide au départ prévus pour les salariés ne bénéficient plus, par nature, à ceux qui sont exclus de l’emploi, et deviennent ainsi exclus des vacances. La diminution des subventions, à la pierre comme à la personne, aggrave le phénomène. Le parc d’hébergement vieillit, le tourisme marchand offre à des prix très concurrentiels des produits très alléchants. Le tourisme social et associatif se voit dans l’obligation de s’adapter, de se moderniser, de professionnaliser la gestion de ses équipements et, selon Jean Froidure, « les associations adoptent une nouvelle culture commerciale, elles attirent des clientèles solvables, elles leur proposent des produits de plus en plus performants et de plus en plus chers ».
Une étude CSA révèle que les comités d’entreprise ne sont pas à l’abri de cette prise de distance avec les valeurs originelles du tourisme social: leurs aides aux vacances profitent pour un tiers à des salariés dont les revenus dépassent 2300, 3800 euros ! De cela ni les organisations syndicales, ni l’Union nationale du tourisme associatif ne se satisfont.

Reconsidérer les aides à la personne.

Le 28 juillet 2001, les cinq confédérations (CFDT,CGT, FO, CFTC, CGC) adoptent une déclaration commune avec l’Unat dans laquelle elles réaffirment « leur attachement au maintien et au développement d’une politique de départ pour tous, dans un souci de mixité sociale ». Parmi les pistes d’action pour atteindre l’objectif, les signataires invitent la Cnaf et les Caf à reconsidérer leurs aides à la personne. Les pouvoirs publics et les collectivités sont appelés à soutenir la nécessaire rénovation du patrimoine. Un patrimoine dont l’utilisation pourrait profiter aux plus défavorisés si les comités d’entreprise et les associations voulaient bien se donner la main.

C’est chose faite à l’Uncovac (Union des comités d’entreprise pour les vacances), avec l’opération Tandem. Villages vacances, CE propriétaires d’hébergements travaillent avec les associations humanitaires : 800 personnes en 2001, un millier cette année ont pu ainsi partir en vacances. « Il n’est pas question d’organiser des séjours ghettos pour les exclus, souligne Jean-Luc Frise, militant CFDT et président de l’Uncovac, mais bien de leur permettre d’accéder aux mêmes vacances que les salariés. »
Rester fidèle à ses valeurs tout en les conjuguant avec les évolutions de la société, tels sont les défis posés au tourisme social. « Cela passe par une vraie réflexion sur la politique de tarification pour les familles, précise Jean-Luc. Et par une offre mieux connue et reconnue par le public. » Au-delà, le tourisme associatif peut imprimer sa marque dans des domaines qui s’imposent à nos sociétés, l’aménagement du territoire dont il est un acteur (40 % des équipements sont situés en zone rurale), l’Europe et la mondialisation, en développant le concept de tourisme durable respectueux de l’environnement écologique, économique et social.

source : cftc

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