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Faible en nombre, la mouvance néonazie pèse sur l'extrême droite

Les jours d’Unité radicale (UR) sont comptés. Le ministère de l’intérieur a engagé la procédure d’interdiction de ce mouvement d’extrême droite au sein duquel militait Maxime Brunerie, comme l’indique Le Journal du dimanche du 28 juillet. L’auteur du coup de feu manqué contre le président de la République, le 14 juillet, avait participé à des actions d’Unité radicale.

L’un des porte-parole d’UR, Guillaume Luyt, a été entendu la semaine dernière par la brigade criminelle chargée de l’enquête sur la tentative d’assassinat de Jacques Chirac. Pour être effective, l’interdiction, prononcée en application de la loi du 10 janvier 1936 contre les groupes paramilitaires et les milices privées, doit cependant être adoptée en conseil des ministres. Le décret du président de la République pourrait être pris avant la pause estivale qui débute le 7 août. En cas de recours, le Conseil d’Etat statuera en urgence. Cette décision est un moyen de faire rebondir « la mouvance identitaire », a estimé, dimanche sur LCI, M. Luyt. Le MRAP et la Licra, associations antiracistes qui s’étaient prononcées en faveur de l’interdiction, se sont félicités de la décision du ministère de l’intérieur.

Unité radicale faisait l’objet d’une étroite surveillance de la direction centrale des renseignements généraux (DCRG), qui en soulignait la dangerosité dans une note consacrée à l’extrême droite activiste en France le 5 juillet, moins de dix jours avant la tentative d’attentat contre le chef de l’Etat. Le document qualifie le mouvement d' »organisation politique la plus active au sein de la mouvance ultra ». Il souligne la reprise en main et le rajeunissement de sa direction après l’arrivée à la tête d’UR de Fabrice Robert et de Guillaume Luyt, au printemps. « Ce dernier a organisé le 1er mai 2002, en marge du défilé frontiste parisien en l’honneur de Jeanne d’Arc, un rassemblement de voie publique réunissant plus de 140 personnes, dont une partie de hooligans parisiens et de ressortissants belges du Mouvement pour la nation. Si cette initiative a souffert de la division existant au sein de la formation nationaliste-révolutionnaire, la présence de plusieurs caciques de l’extrême droite néo-nazie et ultranationaliste a conféré aux organisateurs une certaine ‘légitimité’. »

« ANTISÉMITISME VISCÉRAL »

Refusant l’étiquette néonazie, Unité radicale s’est pourtant montrée accueillante aux sulfureux disciples de l’idéologie hitlérienne, avec lesquels elle partage « un discours antisioniste masquant un antisémitisme viscéral », décrit par la note de la DCRG. Chez Maxime Brunerie, les policiers ont retrouvé un exemplaire de Mein Kampf, et des documents au contenu sans équivoque. Le tireur du 14-Juillet avait débuté sa carrière de militant au Parti nationaliste français et européen (PNFE), formation ouvertement néonazie. En sommeil depuis le retrait de son fondateur, Claude Cornilleau, elle persiste sous la forme d’un réseau informel prêt à être réactivé, selon les policiers.

Le Parti nationaliste français (PNF), autre structure, reste presque seul en lice, avec quelques groupuscules régionaux en Alsace, dans les Vosges ou dans le Nord pour représenter les nostalgiques du IIIe Reich. Composé d’anciens miliciens et Waffen SS, il a été rejoint par quelques jeunes qui s’avouent ouvertement néonazis. Il publie un mensuel, Militant, prudent dans ses propos, qu’il émaille de clins d’oeil et de références pour les initiés, telle la phrase « Mon honneur s’appelle fidélité », la devise des SS. Les caciques se retrouvent aussi dans les associations d’anciens combattants, tel le TKA 18-33, qui rassemble les membres des divisions SS ouvertes aux combattants non allemands (Charlemagne et Horst Wessel). Un banquet annuel dans un restaurant d’une gare parisienne a longtemps regroupé les adhérents autour de discours négationnistes et de chants nazis. Rappelé à l’ordre par son homologue allemand, le TKA a renforcé les critères d’adhésion. Il faut désormais deux parrainages d’anciens. Cette reprise en main a été provoquée par l’intrusion de jeunes indésirables dans des cérémonies en Allemagne ou en Autriche.

Les jeunes sont souvent liés à la mouvance skinhead, dont une partie revendique une idéologie néonazie. C’est autour de la musique qu’ils se manifestent le plus volontiers. Maxime Brunerie s’occupait ainsi de la diffusion des disques de rock identitaire français, voire de RAC (Rock Against Communism, proche de la mouvance anglaise néonazie Blood and Honour) en Ile-de-France. Les concerts de RAC, tel celui qui s’est tenu le 20 juillet dans une ville du Pas-de-Calais à l’initiative du groupuscule la Meute de Fenrir, sont l’occasion de contacts et d’échange d’adresses. Leur accès est contrôlé. Les participants sont réunis dans un endroit qui leur a été indiqué, comme une aire d’autoroute, et, de là, sont conduits jusqu’au concert. Ces rassemblements protégés n’empêchent pas une propension à la violence. Six incidents violents impliquant des skinheads néonazis ont été recensés au premier semestre 2002, contre cinq en 2001, indique la note des RG.

CÉRÉMONIES DU SOLSTICE

Le regain du « folklore » païen entretient également l’intérêt pour la mouvance. Les cérémonies druidiques et surtout les solstices se sont multipliés, organisés par plusieurs tendances de l’extrême droite, y compris celles du traditionalisme catholique ! Solstice « européen » le 22 juin à Montségur (Ariège), qui a rassemblé 90 personnes, solstice plus confidentiel dans les Vosges, organisé par le groupe Combat furtif : ces cérémonies où l’on montre sa bravoure par une série d’épreuves sont aussi l’occasion de rappeler les thèmes fondateurs de l’antisémitisme nazi, comme « l’opposition antagonique entre peuple des forêts et peuples des pasteurs, gardiens de chèvres », en clair entre « aryens » et « sémites ».

Le noyau actif de la mouvance comprend environ 1 500 personnes, selon les policiers. Ce faible nombre n’a pas empêché les incidents de se multiplier : 27 actions violentes ont été enregistrées pour les six premiers mois de 2002 contre 15 pour la même période en 2001.

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Brunerie en attente d’expertise psychiatrique

Deux semaines après avoir tenté d’assassiner Jacques Chirac lors du défilé du 14-Juillet, Maxime Brunerie est toujours retenu à l’unité psychiatrique de Villejuif (Val-de-Marne), où il avait été interné d’office après avoir été arrêté sur les Champs-Elysées. Le juge d’instruction parisien Jean-Baptiste Parlos, chargé de l’enquête sur cette tentative d’assassinat visant le chef de l’Etat, a demandé à un expert psychiatre de se prononcer sur l’état de Maxime Brunerie au moment de son acte. Selon une source proche du dossier, le résultat ne devrait toutefois pas être connu avant la rentrée de septembre. Le magistrat a cependant délivré un mandat d’amener contre Maxime Brunerie. Si l’expert le déclare responsable, le tireur du 14-Juillet sera aussitôt amené devant le juge, puis présenté à un juge des libertés et de la détention qui statuera sur son éventuel placement en détention provisoire.

source : www.lemonde.fr

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